Thursday, January 31, 2019

Batman - The Cult

Publiée en 1988 en quatre épisodes, cette série de Batman ne payait pas forcément de mine de prime abord, dans son recueil de 1991 au papier de médiocre qualité et aux dessins et couleurs plutôt à l'ancienne qui me rappellent cette pile de vieux Pif Gadget et autres Rahan trouvée un jour dans un placard de l'appartement où j'allais en vacances l'été.


Pourtant, le scénario est complètement dingue et offre certainement une des histoires les plus mémorables de l'univers de Batman. Ce dernier y est aux prises avec le Deacon Blackfire, un gourou charismatique qui prend peu à peu le contrôle de Gotham City grâce à son armée de clochards. Mais le scénariste Jim Starlin n'a vraiment pas eu peur d'aller au bout du truc, et rien n'a été édulcoré - le nombre de morts finit par grimper très haut.

Le mythe de Batman en prend aussi pour son grade. Pas de la même manière ni aussi efficacement que dans les versions de Frank Miller, mais il est tout de même brisé par son ennemi, temporairement enrôlé dans son armée, et en permanence en proie à des hallucinations cauchemardesques : il imagine son corps fondre comme rongé par l'acide ou voit les cadavres de ses parents lui faire des reproches.

La palette de couleurs est elle aussi assez marquante, assez fantasmagorique et psychédélique, pour accompagner ces visions angoissantes ou le chaos total dans lequel est plongé Gotham City. Une partie du scénario a d'ailleurs été repris pour le troisième Batman de Christopher Nolan, The Dark Knight Rises, remplaçant grosso modo Blackfire par Bane.


Une série très intéressante et assez captivante donc, mais à mon avis imparfaite sur certains points : Batman y apparaît trop comme une chiffe molle là où on aurait voulu le voir plus torturé qu'abattu, et si son look traditionnel passe encore, Robin et son costume à la noix donnent vraiment un coup de vieux à la fin de l'histoire. Avec un style graphique à la The Long Halloween, The Cult aurait certainement pu entrer en tête de mon top Batman.

Tuesday, January 29, 2019

De Chicago à Detroit : naissance de la house et de la techno


Deux compilations essentielles pour se plonger dans les débuts de la musique dance. Deux compiles qui en fait retracent le parcours de deux DJ, qui ont tous deux largement contribué à faire émerger un style musical : la house et la techno. Aujourd'hui, on appelle leurs travaux d'époque (et leurs émulateurs) Chicago house et Detroit techno, chacun ayant développé un son dans sa ville.

Frankie Knuckles est donc le parrain de la house. La house tire son nom du club Warehouse de Chicago, ouvert entre 1977 et 1983. Un repaire pour Noirs homos où Frankie Knuckles officia comme DJ, passant disco, soul, rock et musique synthétique européenne, mixture qui finira par codifier la house. Cette compilation intitulée Frankie Knuckles Presents His Greatest Hits from Trax (11 titres, 65min) rassemble des titres datant en gros de la période 1985-87. La parenté avec la disco est évidente : c'est funky et c'est fait pour faire danser les gens.


Ce qu'on remarque surtout aujourd'hui, ce sont les vocalistes quand même un peu ringards. Il faudra faire un certain effort pour se concentrer sur les beats imparables et ces pianos bondissants ("Move Your Body"). Il y a aussi et surtout l'immense "Your Love" dont la parenté est partagée avec Jamie Principle avec son synthé extatique (vous savez, c'est ce qu'Animal Collective a samplé pour "My Girls"). Autre moment fort : "Baby Wants to Ride", à l'instru poisseuse rappelant presque l'EBM homoérotique d'un D.A.F. et aux paroles plus salaces qu'un morceau de Prince (même si elles se terminent sans transition sur une diatribe anti-Apartheid).





Plus gros morceau avec cette double compile (23 titres, 2h10) de Juan Atkins, qui lui, du côté de Detroit, a inventé la techno. Ça a commencé en 1983 avec l'album Enter de Cybotron, qui est en fait autant un album d'electro (au sens electro-funk, le genre hybride entre hip hop et musique électronique, inspiré par Kraftwerk et popularisé par Afrika Bambaataa, entre autres, exemple : "Clear"). Les deux disques sont donc partagés entre morceaux du groupe Cybotron et alias solo d'Atkins, et notamment son plus prolifique, Model 500.


La sélection couvre une époque plus étendue que celle de Frankie Knuckles (années 80 et 90), mais pourtant ça ne saute pas aux oreilles à l'écoute, ni même qu'il s'agit de projets parfois différents. On a en effet la même unité de son du début à la fin (les morceaux les plus datés d'Enter étant évacués), et ce son, c'est simplement du pur ROBOT PORN à faire passer Kraftwerk pour un groupe de polka. C'est encore plus vrai avec Model 500, dont tous les morceaux donnent l'impression de traverser une ville cyberpunk dans une décapotable, écoutez-moi ce "No UFO's" si badass.

Il s'agit probablement là des deux meilleurs documents de deux scènes et deux époques qui paraissent maintenant si lointaines, mais dont la musique reste excellente (surtout celle de Juan Atkins, celle de Frankie Knuckles restant beaucoup plus ancrée dans son temps), et dont on ne trouve aucun album à proprement parler, la musique electro restant majoritairement axée singles jusqu'au milieu des années 90.


Sunday, January 27, 2019

Cowabunga le cri - des ninjas


 Les Tortues Ninja n'étaient pas exactement mon truc préféré étant gamin, mais c'était certainement un des piliers du blitzkrieg de pop culture qui m'agressait via les dessins animés à la TV et autres catalogues de jouets pour Noël quand j'avais 7-8 ans, avec les Power Rangers et Action Man. Il y avait donc d'abord la série télé avec son générique énergisant mais aux paroles difficilement compréhensibles à l'époque. Et puis surtout les jouets : j'avais par exemple une espèce de tortue dont la carapace s'ouvrait avec à l'intérieur, une espèce de QG avec ses figurines, façon Polly Pocket. Et bien sûr il y avait un de mes verres à moutarde préféré avec un beau dessin de Shredder dessus.

Moi j'avais celle du milieu.

Je me suis récemment mis en tête de remater la série, débutée en 1987. La première saison est très courte, à peine plus de cinq épisodes, et se regarde un peu d'une traite. Ça fait déjà un petit moment que je l'ai revue et je ne saurai en parler trop précisément, mais je viens à l'instant de terminer la saison 2 (plus longue, 13 épisodes, avant le tsunami de 47 épisodes de la saison 3). Et je dois avouer que malgré tous mes efforts de dévolution intellectuelle pour me remettre au niveau d'un gamin de 8 ans, j'ai eu un peu de mal.

A chaque épisode, c'est pareil, on se fait avoir. Y a le générique qui tue et motive à fond, et dès que l'épisode commence, bim, on est direct refroidi par l'animation trois fois plus médiocre. Les tortues changent de proportion à chaque plan, les décors sont affreusement vides et répétitifs, les mouvements sont grossiers. On n'est pas dans une cinématique de jeu sous licence Nintendo sur CD-i, mais y a un peu de ça quand même.

Il doit n'y avoir qu'un épisode sur dix dans lequel la putain de tresse à la con de Bebop est colorée en violet (comme son iroquois) au lieu d'être grise comme le reste de son corps.

Alors bon, ça à la rigueur pourquoi pas. Si l'action est intéressante, on peut outrepasser. Sauf que merde, les épisodes sont écrits n'importe comment. C'est en gros toujours pareil, Shredder trouve une idée à la con pour se débarrasser des tortues, mais comme il est débile, il se fait victimiser et tout tombe à l'eau. A la fin, les tortues mangent des pizzas dans les égouts. Entre temps, il se passe 36 péripéties, mais toutes tellement insignifiantes et si peu porteuses de danger qu'on les regarde d'un seul œil sans capter quoi que ce soit à la structure globale de l'épisode.


En plus de ça, il faut supporter l'accent de surfeur de Michel-Angelo et son jargon débile et les cascades cartoonesques dans lesquelles au final les tortues n'utilisent jamais vraiment leurs armes de ninjas. La série est en effet bien édulcorée par rapport au comic original (que je n'ai pas lu mais qui est censé être plus sombre et violent), ce qui n'est pas étonnant car sa raison d'être est de vendre des jouets. Ce qui ne l'a pas empêchée d'être controversée à sa sortie (dans les années 80, les ninjas c'était le comble de la violence, alors dans certains pays le titre original Teenage Mutant Ninja Turtles est devenu Teenage Mutant Hero Turtles).

C'est d'autant plus dommage que le premier film, sorti en 1990, est un très bon divertissement pour enfants, avec des costumes de tortues plutôt excellents. Ses deux suites se sont en revanche montré bien moins inspirées. Le dessin animé a continué jusqu'en 1996, avant de laisser place à The Next Mutation, reprenant les costumes des films pour une saison.

Mais passons donc sous silence le "Christmas Special" pour la TV.
 
D'autres adaptations ont saturé l'espace médiatique : les jeux vidéo, avec une dizaine de titres sortis entre 1989 et 1993 sur NES, Game Boy, Super Nes et Mega Drive. Le tout premier sur NES est resté légendaire pour sa difficulté, mais celui qui est le plus passé à la postérité est sûrement Turtles in Time par Konami sur SNES en 1992, tout simplement un des meilleurs beat 'em all de la console, accessible, bien réalisé et très dynamique, même s'il se révèle un peu chiche sur les destinations temporelles que l'on peut visiter.


Bref, quelle était mon ambition en décidant de regarder le dessin animé original ? Vérifier que mon cerveau n'était plus capable de rester insensible à une animation médiocre et à une écriture encore plus mauvaise ? C'est en effet le cas. Je peux désormais apprécier la franchise pour ce qu'elle est, une gamme de jouets, et pas seulement une série TV. Je vous laisse, j'ai une enchère ebay à surveiller pour acquérir le full set des figurines crossover Sewer Slashin'.