Tuesday, January 29, 2019

De Chicago à Detroit : naissance de la house et de la techno


Deux compilations essentielles pour se plonger dans les débuts de la musique dance. Deux compiles qui en fait retracent le parcours de deux DJ, qui ont tous deux largement contribué à faire émerger un style musical : la house et la techno. Aujourd'hui, on appelle leurs travaux d'époque (et leurs émulateurs) Chicago house et Detroit techno, chacun ayant développé un son dans sa ville.

Frankie Knuckles est donc le parrain de la house. La house tire son nom du club Warehouse de Chicago, ouvert entre 1977 et 1983. Un repaire pour Noirs homos où Frankie Knuckles officia comme DJ, passant disco, soul, rock et musique synthétique européenne, mixture qui finira par codifier la house. Cette compilation intitulée Frankie Knuckles Presents His Greatest Hits from Trax (11 titres, 65min) rassemble des titres datant en gros de la période 1985-87. La parenté avec la disco est évidente : c'est funky et c'est fait pour faire danser les gens.


Ce qu'on remarque surtout aujourd'hui, ce sont les vocalistes quand même un peu ringards. Il faudra faire un certain effort pour se concentrer sur les beats imparables et ces pianos bondissants ("Move Your Body"). Il y a aussi et surtout l'immense "Your Love" dont la parenté est partagée avec Jamie Principle avec son synthé extatique (vous savez, c'est ce qu'Animal Collective a samplé pour "My Girls"). Autre moment fort : "Baby Wants to Ride", à l'instru poisseuse rappelant presque l'EBM homoérotique d'un D.A.F. et aux paroles plus salaces qu'un morceau de Prince (même si elles se terminent sans transition sur une diatribe anti-Apartheid).





Plus gros morceau avec cette double compile (23 titres, 2h10) de Juan Atkins, qui lui, du côté de Detroit, a inventé la techno. Ça a commencé en 1983 avec l'album Enter de Cybotron, qui est en fait autant un album d'electro (au sens electro-funk, le genre hybride entre hip hop et musique électronique, inspiré par Kraftwerk et popularisé par Afrika Bambaataa, entre autres, exemple : "Clear"). Les deux disques sont donc partagés entre morceaux du groupe Cybotron et alias solo d'Atkins, et notamment son plus prolifique, Model 500.


La sélection couvre une époque plus étendue que celle de Frankie Knuckles (années 80 et 90), mais pourtant ça ne saute pas aux oreilles à l'écoute, ni même qu'il s'agit de projets parfois différents. On a en effet la même unité de son du début à la fin (les morceaux les plus datés d'Enter étant évacués), et ce son, c'est simplement du pur ROBOT PORN à faire passer Kraftwerk pour un groupe de polka. C'est encore plus vrai avec Model 500, dont tous les morceaux donnent l'impression de traverser une ville cyberpunk dans une décapotable, écoutez-moi ce "No UFO's" si badass.

Il s'agit probablement là des deux meilleurs documents de deux scènes et deux époques qui paraissent maintenant si lointaines, mais dont la musique reste excellente (surtout celle de Juan Atkins, celle de Frankie Knuckles restant beaucoup plus ancrée dans son temps), et dont on ne trouve aucun album à proprement parler, la musique electro restant majoritairement axée singles jusqu'au milieu des années 90.


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